2.4 Conclusions

Les informations disponibles actuellement en Suisse sur les enfants, les adolescents et les jeunes adultes ne permettent de répondre qu’à une partie des questions abordées dans ce chapitre. Ainsi, il n’a été possible de recueillir que peu d’informations sur l’environnement des enfants âgés de moins de dix ans. De plus, beaucoup d’enquêtes ne s’attardent pas de manière uniforme sur l’intégration familiale des répondants; on ne sait, par exemple, pas grand-chose sur la situation sociale ou résidentielle des familles avec des petits enfants. Les enquêtes menées spécifiquement sur le statut des populations migrantes négligent également la perspective familiale et la situation des enfants.

     L’état actuel des recherches montre que la majeure partie des 2,3 millions d’enfants, adolescents et jeunes adultes en Suisse grandit dans un environnement offrant suffisamment de soutien et de ressources. On constate également que les chances d’un bon développement et d’une bonne santé dès la naissance sont très disparates et fortement marquées par les ressources et les obstacles rencontrés ainsi que par le statut socio-économique de la famille (cf. également le Rapport Obsan 01/2020 de Zumbrunn et al.). La promotion de la santé durant l’enfance ne doit donc pas seulement se rapporter à la santé individuelle, mais doit également avoir pour objectif le renforcement des ressources existantes dans la famille et dans les milieux de vie des enfants (Richter-Kornweitz, 2015). L’analyse de l’évolution de la santé au cours de la vie nous a appris l’existence de phases critiques (p. ex. la petite enfance), pendant lesquelles les «ramifications» en termes de santé sont particulièrement nombreuses. En outre, l’accumulation de risques durant le parcours de vie a une forte influence (Azria, 2015; Dragano & Siegrist, 2009).

     En regard de l’évolution démographique, la consolidation des ressources sociales et économiques des jeunes gens est déterminante. Bien que le taux de natalité se soit stabilisé ces dernières années, le vieillissement de la population lié à la génération des babyboomers va se poursuivre pendant encore quelques années. D’ici 2035, la part de personnes âgés de 65 ans et plus passera de 18% à l’heure actuelle à 25%. Sans une adaptation du système d’assurances sociales, la charge supportée par la jeune génération augmentera constamment. Cette dernière doit consacrer une part toujours plus importante du revenu gagné pour remplir le contrat de générations.

     Les spécialistes interrogés estiment que les objectifs de la Convention de l’ONU relatives aux droits de l’enfant sont largement reconnus par les organisations responsables en Suisse et sont mis en œuvre dans des domaines de la vie toujours plus nombreux. Ils émettent toutefois les critiques suivantes:

  • On observe une forte inégalité entre les enfants au niveau des opportunités de formation et de la santé. Ces aspects dépendent du statut des parents et affectent le droit à la meilleure santé possible.
  • L’encouragement précoce varie d’une région à l’autre. Cet outil permettant d’améliorer l’égalité des chances n’est pas assez utilisé dans de nombreux cantons et communes. 
  • En Suisse, la protection contre la violence sous forme de punition corporelle utilisée comme moyen éducatif est insuffisante. 
  • La diminution du temps libre non structuré essentiel pour le développement affecte le droit de l’enfant au repos et aux activités récréatives inscrit dans la Convention de l’ONU. 
  • On observe un retard à combler par rapport aux autres pays européens concernant la codécision des enfants et des adolescents.