8.8 Isolement et symptômes de dépression

De nombreuses études ont été menées sur le lien entre utilisation des médias numériques d’une part et isolement et symptômes de dépression d’autre part; il en ressort que c’est surtout une utilisation excessive et problématique qui augmente ces risques (Huang, 2010). La durée d’utilisation n’est pas seule en cause, puisque les contenus jouent également un rôle important. Par ailleurs, le fait de recourir à Internet pour communiquer, par exemple, est corrélé à de meilleures relations avec les pairs. Dans une étude longitudinale, Boniel-Nissim et al. (2015) ont aussi constaté que les jeunes qui communiquent plus fréquemment par les médias électroniques se sentent également plus à l’aise dans les conversations face à face. L’utilisation des réseaux sociaux peut donc avoir des conséquences positives, en renforçant le soutien social, le capital social et les possibilités de parler de soi, mais aussi des conséquences négatives, puisqu’ils augmentent les risques de dépression et d’isolement (Best, Manktelow & Taylor, 2014).

L’existence d’une corrélation entre utilisation des médias numériques et augmentation de l’isolement et des symptômes de dépression dépend de la durée d’utilisation, des contenus et des traits de personnalité des utilisateurs.

     Outre la cyberdépendance, deux autres aspects de la consommation médiatique sont en corrélation avec une fréquence accrue des symptômes de dépression: le cyberharcèlement et les comparaisons sociales (Hoge, Bickham & Cantor, 2017; Richards, Caldwell & Go, 2015). Les victimes de cyberharcèlement risquent en effet de développer une dépression accompagnée d’anxiété et d’isolement, qui peut mener au suicide. Quant aux comparaisons sociales défavorables sur les réseaux sociaux, elles peuvent, si elles persistent, augmenter la fréquence des symptômes de dépression (Richards et al., 2015). Dans cette problématique, les contenus et la durée d'exposition ne sont pas les seuls facteurs: la personnalité des utilisateurs joue également un rôle important. Chez les individus extravertis ou sociables, la probabilité qu’une utilisation intense des réseaux sociaux soit source d’isolement est nettement plus faible que chez les personnes émotionnellement instables (Whaite, Shensa, Sidani, Colditz & Primack, 2018).